Les éoliennes flottantes à la conquête du grand large


En s’éloignant des côtes, les vents sont plus forts, plus constants et représentent un potentiel de production d’électricité extraordinaire. Les fonds marins plus distants incitent à imaginer des alternatives aux modèles existants d’éoliennes: un concept novateur d’éolienne flottante, développé par la start-up française Nénuphar, intéresse de près le groupe EDF. « L’éolien flottant est un territoire peu exploré, d’où émergent différents concepts, sans qu’aucun ne pré- domine pour le moment. En rupture, l’emploi d’une turbine à axe vertical apporte une véritable innovation dans ce domaine », explique Christophe Peyrard, ingénieur de recherche du département LNHE1, à la R&D d’EDF. EDF Energies Nouvelles et ses partenaires entendent tirer profit de cette première, au-delà de 60 mètres de fond, là où l’implantation d’éoliennes offshore « fixes », posées sur fondations, n’est plus rentable.

Perspectives d’exploitation

Pour envisager l’exploitation d’éoliennes jusqu’à 30 kilomètres des côtes et 200 mètres de profondeur, il faut concevoir des machines flottantes à la fois robustes et légères, capables de résister aux vents et aux courants. L’éolienne flottante à axe vertical concilie enjeux techniques et économiques : « Le centre de gravité de cette turbine est bas, contrairement à celui d’une turbine “classique”, à axe horizontal. C’est à la fois un gage de stabilité pour la machine et de simplicité pour la maintenance », indique Nicolas Relun, ingénieur de recherche au département THEMIS1. Arrimées loin des côtes par des lignes d’ancrage, ces éoliennes nouvelle génération pourraient être suffisamment maniables pour agencer un parc au gré des besoins de production ou encore pour être rapatriées à quai lors des opérations de maintenance lourde.

Défi technique

Un premier prototype terrestre grandeur nature est actuellement à l’essai. Les laboratoires de la R&D d’EDF à Clamart et à Chatou étudient les performances de la machine, sous le pilotage d’EDF Energy R&D UK Centre. Un important travail de modélisation numérique et de consolidation du projet est en cours. « Nous apportons une expertise et un cadre scientifiques à un projet qui, s’il est viable, entrera rapidement en phase industrielle », résume Christophe Peyrard. Un prototype marin, nommé Vertiwind, effectuera des essais sur flotteurs. Les expérimentations permettront d’envisager la phase 2 du projet : la création d’un parc préindustriel, à 17 kilomètres du littoral. C’est l’objectif de Provence Grand Large2, parc dont la mise en œuvre débutera à partir de 2017.

1- Le Laboratoire national d’hydraulique et environnement et le département THEMIS (Technologie et modélisation des infrastructures du système électrique) sont deux des quinze départements que compte la R&D d’EDF. 2- L’équipe de Provence Grand Large, composée d’EDF Energies Nouvelles, de la R&D et du centre d’ingénierie hydraulique (CIH) d’EDF, figurait parmi les douze lauréats de la première édition des prix internes EDF Pulse en 2013.

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