Dans la vallée du fleuve Rizzanese, le Groupe EDF vient d’achever le barrage le plus puissant de Corse. En augmentant de 40 % la capacité hydraulique de l’île, l’ouvrage va assurer jusqu’à 10 % de la pointe de consommation hivernale. Il se distingue aussi par ses retombées économiques et par les choix environnementaux qui ont guidé sa construction.
Il aura fallu soixante mois de chantier pour le voir émerger de cette petite vallée de Corse du Sud. Relié à la centrale de Sainte-Lucie de Tallano par 5,8 km de galerie souterraine d’amenée d’eau, le barrage du Rizzanese a produit ses premiers kilowattheures en décembre 2012. Bien que sa retenue d’eau – 1 million de m3 – le destine à des usages de pointe, sa hauteur de chute de 418 mètres en fait l’aménagement hydroélectrique le plus puissant de l’île. Et un ouvrage de premier plan pour l’avenir énergétique de ce territoire : « Ce barrage de 55 MW porte désormais à 30 % la part d’énergies renouvelables, tout en évitant le rejet de 60 000 tonnes de CO2 par an », souligne Augusto Soares dos Reis, adjoint au directeur régional d’EDF en Corse. Durable, le projet mené par la direction des systèmes énergétiques insulaires (SEI), sous la maîtrise d’œuvre du centre d’ingénierie hydraulique (CIH) d’EDF, aura été également profitable à l’économie locale. Ainsi, le tiers des 1,5 million d’heures de travail, consacrées à sa construction, a été réalisé par des entreprises de proximité. Une belle opportunité pour cette région montagneuse de l’Alta Rocca, redynamisée par le chantier. « Pendant les travaux, se souvient Jean-Michel Bonneviale, chef d’aménagement du CIH, des familles sont venues s’installer dans les villages et y ont scolarisé leurs enfants. » Aujourd’hui, les élus étudient comment mettre à profit le potentiel de l’ouvrage pour le développement touristique du territoire. Sans compter que cette nouvelle ressource est appelée à satisfaire plusieurs usages: au-delà de sa vocation énergétique, le barrage fournira jusqu’à 1,6 million de m3 d’eau brute par an, pour les besoins locaux d’irrigation.
Bien avant le démarrage du chantier, le service environnement du CIH s’est attaché à l’intégration de l’ouvrage dans le milieu naturel. Tout d’abord, en préservant la biodiversité autour du barrage. Lequel, précise Bruno Landru (ingénieur environnement chez EDF), devait se situer « en dehors de l’habitat d’espèces endémiques comme le discoglosse (un petit crapaud) et le mélinet à petites fleurs (une plante des pâturages à fleurs bleues) ». Pour prévenir les risques de pollution de l’eau, le fond de la future retenue a été nettoyé, tandis que toutes les précautions ont été prises pour garantir le débit nécessaire au maintien de l’écosystème en aval. En phase de chantier, des actions de suivi du milieu hydrobiolo- gique ont été menées, en lien avec l’État français, la fédération et les associations de pêche. Le projet aura également montré la capacité du groupe EDF à innover pour répondre aux dernières évolutions de la réglementation sur l’eau. « La conception du barrage a été modifiée pour y ajouter une vanne de transit sédimentaire, destinée à assurer le transport des sédiments du fleuve », explique Augusto Soares dos Reis. Le barrage continuera à faire l’objet d’un suivi attentif pendant plusieurs années, le temps pour la nature de se reconstituer et, pour la truite Macrostigma, de peupler le nouveau bassin de retenue.
Dans la mesure où le patrimoine hydraulique du Groupe en France est déjà en grande partie construit, le chantier du barrage a été vécu avec intensité par les quelque 300 participants au projet – prestataires, techniciens et ingénieurs d’EDF. « C’était une première pour beaucoup d’entre nous, autant qu’une grande fierté, d’avoir participé à la construction de cet ouvrage, contribution indiscutable à l’expérience et au savoir-faire hydraulique du Groupe », confie Augusto Soares dos Reis. Parmi les intervenants, Céline Laroche était ravie d’avoir pu appréhender la réalité du chantier. « En général, ce sont des infrastructures qu’on ne voit qu’une fois finies ! », souligne cette assistante du CIH en charge de la gestion administrative du chantier. Un chantier qui, bien entendu, aura aussi connu ses aléas techniques, climatiques et organisationnels, surmontés grâce à la coordination et à la réactivité des équipes. « Nous sommes fiers d’avoir tenu les grandes échéances du projet, note Jean-Michel Bonneviale. En particulier celle de la première mise en eau de la retenue, que nous avons ponctuée par une très belle fête. » Reste maintenant à effectuer les derniers ajustements, ultime étape avant l’entrée en service complète du barrage, d’ici à l’automne.
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© Photos : Bruno Conty/EDF
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