Les experts de la vanne


Robinets, vannes et clapets sont présents par milliers dans une centrale nucléaire. On en compte jusqu’à 15000. Sur l’ensemble du parc en France, leur entretien nécessite près de 800 000 heures de maintenance, assurées par des prestataires pour le compte d’EDF. Depuis début 2012, les équipes d’un nouveau service interne de robinetterie, créé à la demande de la division production nucléaire, ont rejoint les chantiers d’arrêt de tranches. Experts en mécanique, mais aussi en pneumatique et en électricité, ces spécialistes en maintenance interviennent exclusivement sur les robinets identifiés comme « sensibles ». Quoique peu nombreux (environ 150 par tranche), ces organes de régulation situés dans le circuit primaire d’un réacteur, mais aussi dans les circuits secondaires, méritent un suivi scrupuleux. Leurs défauts de fonctionnement peuvent impacter la productivité d’un CNPE et provoquer des retards massifs. « Rien qu’en 2009, sur l’ensemble du parc nucléaire, 337 jours de production ont été perdus, en raison des indisponibilités causées par une robinetterie défectueuse », précise Philippe Martin (chef de projet robinetterie sensible, EDF). Ce constat sans appel imposait la mise en place d’un service dédié. L’année suivante, mission fut confiée à la DAIP (division appui industriel à la production) de recruter et de former 200 professionnels rattachés aux agences de maintenance thermique de l’ULM. Deux ans plus tard, un métier renaissait au sein d’EDF…

Qualité et organisation

Missionnés par les exploitants des CNPE, les services de robinetterie sensible interviennent pendant 5 à 7 semaines sur les arrêts de tranches. Qu’ils réalisent des essais, des dépannages ou des analyses sur la robinetterie et les motorisations associées, ces mécaniciens de haute précision ont pour priorité de travailler « en qualité », dans le respect des objectifs de performance et de sûreté. Venues de tout le territoire, les équipes mobilisées travaillent main dans la main, avec la même rigueur et une organisation commune. Sur un chantier, les techniciens en maintenance préventive côtoient les équipes formées à la surveillance des sous-traitants, en appui à la maîtrise d’ouvrage. En cas d’urgence ou de surcharge de travail, ces robinetiers d’élite savent qu’ils peuvent aussi compter sur le renfort de deux équipes d’assurance. Les spécialistes en maintenance conditionnelle réalisent, quant à eux, des auscultations de pointe. Équipés d’outils informatiques de diagnostic, ils sont chargés de juger de l’état interne d’un robinet et de la nécessité ou non d’intervenir. Pour identifier un point dur à la simple lecture d’une courbe d’intensité, il faut de solides connaissances et l’intuition d’un mécanicien chevronné. Une compétence d’avenir selon Philippe Martin, car « la maintenance conditionnelle permet de limiter les opérations inutiles, donc d’optimiser la qualité et la rapidité des prestations ». Rodés par deux chantiers expérimentaux en 2011 et une douzaine de programmes en pilotage direct en 2012, les robinetiers ont déjà montré leur efficacité. « À ce jour, aucun retard lié à ces interventions n’a été constaté », confirme Charles Gasperi, chef de service de l’agence Sud-Ouest d’EDF. Preuve que le service a trouvé sa place et qu’il est en bonne voie d’atteindre, d’ici à 2014, sa pleine capacité d’effectifs et de production. Robinets sensibles, s’abstenir. 

© Photos : Laurent Vautrin/EDF

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